La génération Ampere s’est tout d’abord dévoilée par la grande porte, celle des véloces et rutilantes GeForce RTX 3080 et RTX 3090. Plaçant ainsi la barre technique (et tarifaire !) très haut, ces deux premiers modèles, lancés successivement les 17 et 24 septembre derniers, ont démontré tout le potentiel du nouveau GPU de 8 nm, notamment au niveau de sa réelle maîtrise des effets de ray-tracing. Petite piqûre de rappel : la RTX 3080, à 719 €, assure des performances supérieures de 28% (Full HD), 33% (WQHD) et même 44% (UHD) à celles de la GeForce RTX 2080 Super, vendue au même prix quatorze mois plus tôt.
Et pour le ray-tracing, le nouvel eldorado sous le feu des projecteurs que cherchent même à conquérir les Radeon RX 6800 et 6800 XT d’AMD, ainsi que les PS5 et Xbox Series X ? Là encore, une vraie longueur d’avance : la RTX 3080, avec ses RT Cores de seconde génération, offre des performances supérieures de 27% à la RTX 2080 Ti, et même 50% supérieures à celles de la RTX 2080 Super.
Un mois plus tard, la GeForce RTX 3070 poursuit la conquête. Plus abordable que ses deux grandes sœurs (519 €), elle est systématiquement devant la GeForce RTX 2080 Ti, l’indéniable tête de gondole de la génération précédente, pourtant proposée alors à un tarif double.
La GeForce RTX 3060 Ti, pour une offre plus segmentée
C’est dans ce contexte qu’apparaît, le 2 décembre 2020, la GeForce RTX 3060 Ti. Fidèle au découpage de sa génération Turing antérieure, Nvidia tronçonne ainsi sa nouvelle famille Ampere en de multiples déclinaisons, pour une plus grande “granularité” de son positionnement tarifaire. Mais aussi pour que les joueurs puissent choisir précisément les performances escomptées : le jeu 8K/4K de luxe avec la RTX 3090, le grand confort en 4K avec la RTX 3080, le QHD sublimé avec la RTX 3070. Et aujourd’hui la Full HD en réglages Ultra et avec des effets ray-tracing, avec la RTX 3060 Ti. C’est tout du moins ce que met en avant la présentation de Nvidia, avec en toile de fond le visuel d’un imminent … Cyberpunk 2077.
Il apparaît désormais que la gamme Ampere se divise en deux “couples” : les RTX 3080/3090 d’une part, autour du GPU GA102 de 628 mm² et d’un design sensiblement équivalent, avec des ventilateurs répartis au recto et verso de la carte, et les RTX 3070/3060 Ti d’autre part, autour du GPU GA104 de 392 mm² et d’un design plus classique à deux ventilateurs.
Le rapprochement avec la RTX 3070 ne s’arrête d’ailleurs pas au seul GPU. Le design de la carte est en tout point identique, entre les deux modèles. On retrouve ainsi la même silhouette plus profilée et compacte que le reste de la gamme (242 x 112 mm, contre 313 x 138 mm pour la RTX 3090 et 285 x 112 mm pour la RTX 3080), avec un carénage en aluminium strié d’ailettes et perclus de deux ventilateurs de 80 mm sur une seule face. De quoi envisager plus sereinement son installation dans un boîtier moins volumineux, face à une cage à disques durs limitant l’espace, par exemple.
Tournant jusqu’à 3500 tours/minute, les deux ventilateurs fonctionnent indépendamment. Le premier souffle l’air vers l’extérieur du PC via le bracket, qui laisse entrevoir de larges ouvertures, ainsi que vers le haut de la carte, tandis que le second expulse essentiellement l’air chaud vers l’arrière de la RTX 3060 Ti. La backplate est en contact avec certains composants grâce à un pad thermique, qui contribue à la dissipation de la chaleur.
La connectique reste là aussi identique : on retrouve ainsi une sortie HDMI 2.1 et trois connecteurs DisplayPort 1.4a. Le connecteur d’alimentation 12 broches se situe là encore au centre de la carte, en position droite et non de biais.
GPU GA104-200, vers un habile compromis
La “seule” et unique différence avec la GeForce RTX 3070 tient donc au GPU, estampillé GA104-200 sur cette RTX 3060 Ti contre GA104-300 pour la carte supérieure. On retrouvait d’ailleurs la même différence de nomenclature entre les RTX 3090 et RTX 3080, signe que les deux cartes appartiennent ainsi au même couple, avec une simple marche en moins.
Le GPU de la RTX 3060 Ti s’étend ainsi sur une surface de 392 mm², contre 628 mm² pour celui des RTX 3080/3090, avec 17,4 milliards de transistors. Signe de la modularité de la gamme, et de la possibilité pour Nvidia “d’activer” ou non des SM/GPC sur chaque GPU, il comprend 4 864 CUDA Cores, 152 Tensor Cores et 38 RT Cores, contre 5 888 CUDA Cores, 184 Tensor Cores et 46 RT Cores pour la GeForce RTX 3070 qu’il partage.
Du côté de la fréquence, on évolue à 1410 MHz en cadence de base, portée à 1665 MHz en mode Boost, contre 1500 à 1725 MHz pour la RTX 3070. La mémoire demeure en revanche inchangée : les deux cartes sont équipées de 8 Go de GDDR6 sur un bus 256 bits, pour une bande passante de 14 Gbps.
En résumé, vous l’aurez compris : sur le papier, la GeForce RTX 3060 Ti est évidemment une version édulcorée de la RTX 3070, ce qui justifie son tarif amputé de 100 euros. Il s’agit, à ce jour, de la carte Ampere la plus abordable, mais aussi de la carte graphique “new-gen” la moins chère du marché. À 419 €, elle coûte ainsi 170 euros de moins que la “plus basse” des Radeon de dernière génération, la RX 6800. Face à la génération antérieure du côté de Nvidia, elle est même moins chère que les RTX 2060 Super (439 €) et … 300 € moins cher que la RTX 2080 Super. Retenez bien cet écart tarifaire, nous y reviendrons.
RTX 3090 | RTX 3080 | RTX 3070 | RTX 3060 Ti | RTX 2080 Super | |
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GPU | 8 nm GA102-300 | 8 nm GA102-200 | 8 nm GA104-300 | 8 nm GA104-200 | 12 nm TU104-450 |
Taille du die | 628 mm² | 628 mm² | 392 mm² | 392 mm² | 545 mm² |
Transistors | 28,3 M | 28,3 M | 17,4 M | 17,4 M | 13,6 M |
CUDA Cores | 10 496 | 8 704 | 5 888 | 4 864 | 3 072 |
Tensor Cores | 328 | 272 | 184 | 152 | 384 |
RT Cores | 82 | 68 | 46 | 38 | 48 |
Fréquence de base | 1 395 MHz | 1 440 MHz | 1 500 MHz | 1 410 MHz | 1 650 MHz |
Fréquence Boost | 1 695 MHz | 1 710 MHz | 1 725 MHz | 1 665 MHz | 1 815 MHz |
Perfs. Shaders | 35,6 TFLOPS | 29,8 TFLOPS | 20,3 TFLOPS | 16,2 TFLOPS | 11,2 TFLOPS |
Mémoire | 24 Go GDDR6X | 10 Go GDDR6X | 8 Go GDDR6 | 8 Go GDDR6 | 8 Go GDDR6 |
Bande passante mémoire | 19,5 Gbps | 19 Gbps | 14 Gbps | 14 Gbps | 15,5 Gbps |
Bus mémoire | 384 bits | 320 bits | 256 bits | 256 bits | 256 bits |
Bande passante max. | 936 Go/s | 760 Go/s | 448 Go/s | 448 Go/s | 497 Go/s |
Thermal Design | 350 W | 320 W | 220 W | 180-220 W | 250 W |
Prix | 1 549 € | 719 € | 519 € | 419 € | 719 € |
Place aux tests ! Par le biais d’Igor Wallossek, nous avons ainsi soumis la RTX 3060 Ti au même panel de dix jeux que sur nos récents tests, composé de deux titres en DirectX 11, cinq en DirectX 12 et trois sur l’API Vulkan. À des fins de comparaison, la plateforme de test demeure inchangée : un processeur AMD Ryzen 9 3900XT overclocké à 4,5 GHz, une carte mère MSI MEG X570 Godlike, deux barrettes de 16 Go de mémoire DDR4-3600 G-Skill TridentZ Neo (CL16-16-16-36 1T), un SSD de 2 To Gigabyte Aorus NVMe PCIe Gen4 et une alimentation Seasonic Prime Titanium de 1300 Watts, en place dans un boîtier Raijintek Paen.
Les performances à la loupe
Benchmarks en Full HD et QHD
En moyenne, en Full HD, la GeForce RTX 3060 Ti se montre ainsi 9,3% plus performante que la RTX 2080 Super de la génération précédente, pourtant commercialisée 300 euros plus cher ! Dans cette définition, elle est 11,3% inférieure à la GeForce RTX 3070, qui affiche donc un tarif supérieur de 100 euros.
Si l’on monte en définition, en QHD, l’écart reste sensiblement identique. La GeForce RTX 3060 Ti est ainsi 9,1% supérieure à la RTX 2080 Super. Une confortable assise, alors que l’écart tarifaire est loin d’être anecdotique. Face à la RTX 3070, on préserve un écart sensiblement équivalent : dans cette définition, la grande soeur reste devant pour 14,5%, ce qui justifie ses 100 euros supplémentaires si vous visez une telle définition.
Les performances en Full HD et ray tracing
C’est l’autre aspect de la génération Ampere : profitant désormais du recul d’une seconde itération des RT Core, la nouvelle gamme maîtrise mieux le calcul des effets de ray-tracing. À ce petit jeu, la GeForce RTX 3060 Ti creuse ainsi davantage l’écart avec la RTX 2080 Super de génération précédente, en prenant l’ascendant de plus de 12%. Elle est également devant l’offre actuelle d’AMD : la Radeon RX 6800 (590 euros) est en moyenne 37,4% inférieure, en Full HD, et avec la technologie SAM activée !
Face à la RTX 3070, l’écart reste équivalent à celui constaté en QHD et en pure rastérization, par exemple : la GeForce RTX 3060 Ti accuse 14,4% de performances en moins, en Full HD et en ray-tracing.
La consommation et l'efficacité énergétique
Outre les performances en rastérization et en ray-tracing, l'autre nerf de la guerre reste la consommation et l'efficacité énergétiques.
En Full HD, la consommation brute reste vraiment satisfaisante : on relève 192,1 Watts en moyenne, soit 10,3% de moins que la RTX 3070 et 7% de moins que la RTX 2080 Super. Rapporté à l’efficacité énergétique, c’est-à-dire au nombre de watts engloutis par nombre d’images par seconde, la RTX 3060 Ti apparaît comme un excellent candidat. Elle fait pour ainsi dire jeu égal avec la RTX 3070, à la troisième marche du podium, juste derrière les récentes Radeon RX 6800 d’AMD.
En Full HD, la Radeon RX 2080 Super de génération précédente est ainsi 16,6% plus énergivore que la RX 3060 Ti, dans les mêmes conditions. On aurait toutefois pu penser que l’écart avec la RTX 3070 serait sensiblement plus marqué, compte tenu de la (relative) différence de performances. Mais les deux cartes partagent ainsi très largement la même architecture et on retiendra essentiellement la sérieuse avancée en la matière par rapport à la génération antérieure.
Si l'on monte en définition, l’écart est encore plus marqué. En QHD, la RTX 3060 Ti engloutit ainsi 198 watts en moyenne, contre 223,6 W (+12,9%) pour la RTX 2800 Super et 216,3 W (+9,2%) pour la RTX 3070. Si l’on rapport ces résultats au nombre d’images par seconde générées dans cette définition, le classement reste sensiblement identique, avec une RTX 3060 Ti qui raffle la médaille de bronze, derrière la Radeon RX 6800 (-17%) et la RTX 3070 (-5,9%). L’offre précédente, notamment la GeForce RTX 2080 Super qui est dans le collimateur de la nouvelle carte de Nvidia, est sans cesse derrière et affiche une efficacité énergétique inférieure de plus de 20%.
La température et les nuisances sonores
Du côté des nuisances sonores, nous avons procédé comme précédemment : nous avons ainsi relevé le bruit dégagé par le système de ventilation, sur une intense session de The Witcher 3 en UHD et avec les réglages maximum. Résultat des courses : la GeForce RTX 3060 Ti a été mesurée à 32,5 dB(A), soit un silence quasi-total à ce niveau de performances. Pour rappel, la GeForce RTX 2080 Ti vrombissait à 41,9 dB(A) dans les mêmes conditions ! Même la récente RTX 3070 reste plus bruyante, avec un niveau sonore relevé à 34,5 dB(A).
En ce qui concerne les températures, le point le plus chaud du PCB de la RTX 3060 Ti tutoie les 78,2°C, contre 85°C au niveau des VRM de la RTX 3070. Sur le GPU en lui-même, on atteint 62°C, là encore légèrement en-deçà du modèle immédiatement supérieur. En clair, le système de refroidissement, pourtant au design classique, se montre très efficace. Vous pourrez même envisager de légers overclockings, ou au contraire abaisser facilement la température via le panel d’utilitaires de réglages qui font aujourd’hui partie de la galaxie Nvidia.
En conclusion
On savait que les premières cartes graphiques de l’ère Ampere allaient montrer leurs gros muscles, quitte à nécessiter un budget totalement débridé : on rongeait notre frein, le temps de voir la nouvelle architecture se décliner à des eaux plus raisonnables et abordables. La GeForce RTX 3060 Ti en est aujourd’hui le parfait premier rejeton. Avec des performances supérieures à celles de la RTX 2080 Super qu’elle ne vise pourtant même pas à remplacer, écart tarifaire oblige, elle pose de nouveaux jalons en matière de rendus Full HD / Quad HD, avec des réglages Ultra.
En ray-tracing, le nerf actuel de la guerre, elle démontre par ailleurs son savoir-faire et constitue une alternative plus abordable à la RTX 3070 Founders Edition. L’efficacité énergétique reste par ailleurs très convaincante, y compris face à l’ultra récente gamme “Big Navi” d’AMD.
Mais voilà : chat échaudé craint l’eau froide. Que ce soit du côté de Nvidia ou d’AMD, il faut bien l’avouer : en 2020, les cartes graphiques next-gen ne semblent être que des lancements papier, des proof of concept inaccessibles au plus grand nombre. Les modèles se sont quand même pas mal succédés depuis la rentrée, avec sans cesse la même rengaine : sitôt passées les 47 premières secondes de mise en vente, plus aucun modèle n’est disponible. Et pour de longs mois. Ou alors, quitte à se tourner vers le marché noir ou custom, avec des modèles largement plus onéreux que des Founders Editions annoncés aujourd’hui à 419 euros.
Soyons clair : oui, la GeForce RTX 3060 Ti est une vraie réussite en tout point, pour qui convoite un rendu Full HD ou QHD, en réglages Ultra, avec même des effets ray-tracing pour les jeux compatibles. Mais elle l’est au tarif de sa Founders Edition, qui montre considérablement sa différence vis-à-vis de la (plus prestigieuse) RTX 2080 Super de génération précédente. Pas face à celui d’enchères eBay ou de modèles custom dont le prix vient lorgner sur les plates-bandes des RTX 3070 et 3080.